bon aller je me lance, j'espère que je vais coller au sujet!!!!!
j'ai gagné un prix littéraire avec cette nouvelle et j'ai la cérémonie de récompense la semaine prochaine.
Par amour pour toi
Six. C’est le nombre de jours qui se sont écoulés depuis. Te souviens-tu de tout ce chemin que nous avons parcouru ensemble ? Pour ma part, je ne l’oublierai jamais. On est liés maintenant tous les deux. Tant de choses nous unissent, tu ne crois pas ? Mon admiration pour toi, l’amour que l’on avait l’un pour l’autre et tellement d’autres choses ont fait que l’on est restés ensemble aussi longtemps. Alors la vie continue son chemin. La route est longue, on en a été les témoins. Les embûches se sont succédé, on a essayé de tout nous enlever. Mais non rien n’y a fait. Nous avons toujours triomphé de tout. Toutes les portes qui se sont dressées devant nous, on a réussi à les ouvrir, et tous ceux qui ont voulu nous mettre des bâtons dans les roues, on les a battus tous les deux main dans la main. Rien. Absolument rien n’aurait pu nous enlever nos rêves. Des rêves à deux sous parfois, ou des rêves complètement fous. Rien ni personne n’aurait pu nous séparer, n’aurait pu nous décoller l’un de l’autre. On s’aimait tant.
Te souviens-tu il y a 15 ans ? Au son de la fameuse marche, dans le fameux lieu, avec nos fameux habits. Et c’est monsieur le curé qui vous demande « voulez-vous prendre cet homme pour époux », et là on se surprend à trembler de tout son corps au moment de dire ce mot si simple qui peut être changera le cours de votre vie. Et on lance ce fameux « oui ». Le tant attendu oui, celui dont on rêve lorsque l’on n’est encore qu’une petite fille jouant avec les talons de sa maman, quand on rêve de trouver le prince charmant qui vous emmènera sur son cheval blanc. Et puis on grandit et le rêve devient réalité. On connaît le bonheur. Le bonheur de partager sa vie à deux, d’affronter le monde parfois cruel qui nous entoure ensemble. Toi, moi plus fort que tout. Heureux de pouvoir dire au monde : toi et moi c’est pour la vie.
Je ne l’oublierai jamais ce jour. Moi en blanc. Nous remontant l’allée entourés de ceux que l’on aime. Le sourire aux lèvres, des projets plein la tête. Et puis on redescend, acclamés de toutes ces personnes, et là on sait bien que tout a changé à présent. Toi, moi, nous jusqu'à la fin de notre vie. J’ai les larmes aux yeux rien que d’y penser. 15 ans. 15 années qui ont défilé depuis. Il me semble que c’était hier. Mais je vois bien le temps qui passe. Le reflet dans le miroir est pire que tout. Les rides de mon visage et ma chevelure grisonnante ne mentent pas. Je vois là le poids des années. Pourtant toi tu n’as pas changé. Tu es toujours aussi beau. Tu ne fais pas ton âge comme on te le dit souvent. Toi l’homme le plus beau pour moi, toi l’homme que j’aime plus que ma vie.
Te souviens-tu de ce 15 janvier. Quand on était allés à ce rendez-vous si important pour nous. Ce sera une fille nous avait dit le médecin. Tu étais resté sur ton petit nuage ce jour-là, et tu n’avais pas l’intention de redescendre sur terre. Tu étais si content à l’idée d’avoir un petit bébé. On avait choisi très vite le prénom d’ailleurs. Laura. C’était toi qui l’avais choisi. Tu aimais tant le chanteur que tu avais voulu appeler ta fille comme la sienne. Ta première fille. Tu ne te rendais pas vraiment compte, mais tu étais tellement heureux. Quand elle est née, je me rappelle que tu étais là pour m’apporter ton soutien face à la douleur qui m’envahissait petit à petit. « Papa poule » elle t’appelait, Laura. Tu as toujours été présent pour elle. Et comme tu le disais si souvent c’est la plus belle chose que l’on ait réussi à faire ensemble, addition d’un bout de toi et d’une partie de moi. Elle te ressemble tellement. Elle a ton sourire, tes yeux, ta gentillesse et ta générosité.
Et puis est arrivée Inès, exactement un an et demi après. Et tu as été aussi généreux et présent pour cette seconde petite princesse même si tu aurais voulu avoir un petit homme. Le bonheur se voyait dans les yeux de nos filles quand il vous arrivait de jouer ensemble. Elles t’aimaient tant nos petites, tu étais un peu comme un modèle. L’homme le plus respecté et peut être l’un des seuls hommes importants de leur vie. Je suis consciente que ça a du être dur pour toi d’être le seul homme au milieu de ces trois femmes. Je suis vraiment désolée de ne pas avoir pu te donner le petit garçon dont tu rêvais.
Ca aussi ça a été une épreuve. La satisfaction d’attendre un « petit mec » comme tu le disais souvent. Et puis tout a basculé, je me suis réveillée avec un ventre vide. D’un coup je n’ai plus pu sentir bouger ce petit être en moi. Cela t’a beaucoup affecté je le sais, mais tu m’as soutenue coûte que coûte, et je sais combien cela a été difficile pour toi car tu as du mettre de côté ton chagrin pour m’aider.
Les années sont passées, les problèmes se sont succédé. Comment on en est arrivés là je ne sais pas. Je t’aime tant tu sais ! Nous le couple modèle, nous le couple tant admiré par les autres. Tu n’as pas résisté. La routine peut-être ? L’envie de changer de vie ? Je ne le sais pas et je ne le saurai plus jamais.
ELLE est arrivée comme un pestiféré sur notre vie. ELLE t’a arraché à moi. Telle une sorcière, ELLE t’a envoûté et moi, je n’ai rien pu faire contre elle. ELLE a la jeunesse, la beauté mais moi qu’est-ce que j’ai ? Tu n’as plus eu aucune considération pour moi. Aucune. Même pas pour la mère qui t’a donné deux beaux enfants, ni pour la femme et l’épouse que je suis. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
Tout a commencé quand tu as changé de poste. Nouvelle ville, nouvelle maison, on a tous été un peu déstabilisés. Et puis tous les matins tu partais au bureau pour n’en revenir que le soir très tard. Des dossiers importants à traiter, c’était ce que tu me disais. Comment pouvais-je m’en douter ? Moi qui avais une confiance aveugle en toi. On pense toujours que ce genre de situation n’arrive que dans ces films idiots à « l’eau de rose ». J’aurais du me méfier, je le sais, et je le regrette aujourd’hui.
Le jour où tu es venu m’annoncer que tu aimais quelqu’un d’autre que moi, j’ai cru que la terre s’effondrait sous moi, que j’allais mourir de chagrin même. Tu demandais le divorce. Divorce, je hais ce mot. Le divorce, ce n’est que pour les gens qui ne s’aiment plus et qui ne veulent plus vivre ensemble. Mais nous, on s’aime tant, comment peut-on divorcer ? Moi je pouvais tout te pardonner. Après tout rien de cela n’était de ta faute, je le voyais bien. Tu t’étais fait ensorceler par ELLE.
Et puis ELLE t’a « largué » comme une vieille chaussette. Tu n’as pas voulu revenir avec moi et une autre femme t’a conquis. Notre divorce a été prononcé et vous parliez de mariage. Je la hais, je te hais de vouloir m’abandonner comme ça. Mais je sais que tu m’aimes encore. Tu ne peux pas ne plus m’aimer. Je suis la femme de ta vie, je le sais. Je le sens, c’est obligé. Tu m’as aimée pendant quinze années, tu ne peux pas ne plus avoir de sentiments envers moi, comme ça, d’un coup sans savoir trop pourquoi.
Je me suis surprise à te suivre, espionner tous tes moindres gestes, moi qui n’ai pourtant jamais été jalouse. Je vous ai vus tous les deux le sourire aux lèvres. Je vous ai vus vous embrasser là devant mes yeux. Ca m’a fait mal, tu m’as fait mal. Non je n’ai pas voulu de ça. Aucune autre femme n’a le droit de t’aimer. Je suis la seule femme de ta vie. La seule et l’unique pour toujours. Elle n’a aucun droit sur toi, c’est moi que tu aimes. Si ce n’est pas moi ce n’est personne d’autre.
J’écris de ma cellule. J’espère que tu es bien là-haut parmi les anges. Le ciel est devenu si beau depuis que tu y es monté. Je ne pouvais pas te laisser là avec elle, je n’ai trouvé que cette solution. Pardonne-moi. Ils m’ont trouvée là, près de ton corps gisant à terre, le poignard qui m’avait servi à te délivrer de l’emprise de cette femme, dans mes mains ensanglantées. Excuses-moi, mais c’était le seul moyen pour moi de t’empêcher de faire une bêtise. Tu m’aimes, je le sais. Ils m’ont emmenée là, dans cette pièce étroite derrière des barreaux. Je prépare la corde qui m’emmènera jusqu’à toi. Et là tu verras, réunis dans l’éternité on pourra enfin vivre heureux loin de tout ça. Tu sais je ne t’en veux pas. Je t’aime tant.
Ne me juge pas mais ce que j’ai fait, je l’ai fait par amour pour toi.
[b]