Je m’appelle Sabrina, j’ai 27 ans. Je suis née à Nice et je vis en ce moment à Paris. J’ai 3 sœurs et des demi-frères et sœurs en pagaille. Ma mère est italienne, une vraie ritale, et mon père était allemand. Etait car il est mort quand j’avais 15 ans d’un arrêt cardiaque.
J’ai grandi dans une ambiance linguistique assez diverse. Mes parents nous parlaient dans leur langue natale quand on était à la maison. L’italien, l’allemand et même l’anglais que j’ai étudié à l’école n’avait plus aucun secret pour moi.
C’est surement, même certainement grâce à mes facultés polyglottes que j’ai vécu l’histoire la plus troublante, la plus surprenante, la plus invraisemblable de ma vie. Une histoire qui m’a marqué au fer rouge, et dont j’aime évoquer certains soirs de nostalgie, les souvenirs qui me sont si chers.
Mais n’avançons pas trop vite. Tout d’abord je vais parler un peu de moi pour que l’on puisse me situer dans cette histoire. Apres des études de management, j’ai commencé ma vie professionnelle en tant qu’assistante. Assistante dans tous les sens du terme. Assistante commerciale, assistante de direction, assistante technique etc… Voilà 2 ans à peu près j’ai eu un gros raz le bol de tout ça et suite à une rencontre imprévue je me suis retrouvée à Paris, à bosser pour Michel.
Michel dirige une boite de prod « Sing Events ». Il gère et organise des concerts, des tournées, des spectacles. Michel a 47 ans, et ce type est d’un dynamisme étonnant. Le premier jour où je l’ai rencontré j’ai de suite été à l’aise, séduite par son charisme incroyable. Il recherchait une assistante mobile, ce qui en gros veut dire, une assistante pouvant se déplacer sans problèmes. J’ai accepté ce boulot immédiatement absolument conquise par ce qui m’attendait. Michel, avec ses cheveux grisonnant et son sourire constant m’a expliqué en quoi consistait mon job. Je serais chargée de suivre les tournées, de gérer la logistique ce qui comprends, la coordination des salles, les loges, la restauration, le laundry service, le logement, le parcours routier, etc…
En gros tout se préparait amont par l’équipe et sur place pendant la tournée je devais gérer le tout, y compris les problèmes éventuels.
Avant de me lancer dans l’arène Michel me testait en m’envoyant sur quelques dates, à paris ou en province, pendant un ou plusieurs jours. Pas plus de 15 jours. J’ai donc été sur la tournée des artistes français comme Yannick Noah, Patrick Bruel, Tryo, mais aussi Razorlight, Kaiser Chief et même Muse. Je me suis prise au jeu d’une façon inattendue, je passais mes journées entières à mon boulot et je ne m’en lassais pas. J’ai fait des rencontres extraordinaires et d’autre beaucoup plus banale mais je me suis enrichie de chaque moment et des milliers d’anecdotes.
Je revenais de 3 jours en Angleterre où j’accompagnais Zazie qui pour finir sa tournée, faisait 2 dates à Londres. A chaque retour de tournée, Michel m’accordait gracieusement 2 jours de repos. Mais à peine arrivé chez moi, et ayant seulement le temps de fermer la porte de mon appart que mon portable se mit à sonner.
- Oui Michel
- Salut Sab, excuse de te déranger je sais que tu rentres à peine de Londres, mais tu pourrais passer cet aprèm ? J’ai un truc important à voir avec toi.
- Euh ok ben ça peut attendre ce soir, vers 19h ?
- Non Sabrina, vient plutôt vers 15h, on est sur le point de décrocher un super contrat et j’ai besoin de toi.
Un œil sur ma montre, 12h15.
- Ok Michel je serais là à 15h
- Merci ma chérie, à tout à l’heure.
Je raccrochais les yeux dans le vide, perdue dans mes pensées. La dernière fois que Michel avait cette voix c’est quand il m’a annoncé que j’accompagnais Muse pour 6 dates françaises.
Quelle joie ce jour là quand au prix quand même de plusieurs supplications, Michel a accepté de me confier le projet.
Nous voilà donc entré dans l’histoire telle que je l’ai vécu. On en sait un peu plus sur moi et sur mon job. Même si ça semble confus, au fur et à mesure vous allez vite comprendre ce que je fais de mes journées. Je vais aussi me décrire un peu.
Je ne suis pas très grande mais pas petite non plus, 1m70, d’allure plutôt mince mais pas squelettique, mes 55 kg laissent facilement voir quelques rondeurs féminines. Mes cheveux sont longs et m’arrive pile poil au bas de mon soutien gorge. Ils sont châtains clairs tout dégradés avec de fines mèches noires à peine visible un peu partout, ma nuque et mon épaisse frange sont noires.
Mon style vestimentaire n’est pas figé, je m’habille selon mes humeurs. Souvent en jean, avec des bottes motardes noires ou marron (j’en ai une collection) par-dessus, et un haut noir. Mes cheveux sont souvent ramenés en grande queue de cheval ou en chignon ébouriffé sur la nuque. Mes yeux sont marrons foncés et je les originalise avec des fards tels que le noir ou le violet ou encore du gris. Tout cela me donne un air Rock qui me convient tout à fait. Mes accessoires préférés sont de grands colliers breloques superposés et des mitaines noires ou flashy que je mets systématiquement. Mes ongles sont manucurés avec une french permanente. De belles mains, pour moi c’est indispensable.
Pour autant je suis loin d’être une extravagante bien au contraire, je suis très discrète.
En revanche mes choix vestimentaires peuvent aussi très bien se porter sur un pantalon droit avec des sandales à talons hauts, très féminines, un grand décolleté et des cheveux disciplinés.
Mon look n’est donc pas unique.
Parler de moi n’est pas une chose aisée mais je tenais à le faire pour que vous en sachiez plus sur moi.
Concernant mon caractère et bien disons que je suis une fille gentille, serviable, calme, tolérante, exigeante, souriante, bosseuse, et passionnée.
Pas de petit copain et pas besoin non plus.
Ce boulot me prend tout mon temps mais je ne suis pas non plus prête pour le couvent. Ce monde très masculin dans lequel j’évolue m’offre l’opportunité de petites aventures sympathiques. Aucun n’a monté en grade. Seulement des petites aventures.
Je vis dans un petit appartement parisien avec une colloc. On se voit très peu, Marielle est étudiante en droit, m’en demandé pas plus je ne sais rien d’autre. On se croise mais on s’adore et quand je rentre de tournée on rattrape le tps perdu à coups de restos et de plateau télé bien calorifiques.
Voilà. Je pense que vous pouvez déjà mieux me cerner. Mais de tout façon au long de mon histoire vous en saurez davantage sur ma petite personne.
Revenons-en à Michel. Je reste intriguée par son appel et son futur projet. Le chat de Marielle vient me distraire de mes pensées en se frottant à mes jambes en ronronnant. Je luis sourit inconsciemment en poussant ma valise contre le placard. Marielle n’est pas là, j’en profite pour mettre de la musique bien forte comme elle le déteste si bien. Mon lecteur à qui je laisse libre choix, se met en lecture sur une chanson d’Indochine, Punishment Park.
Indochine, le seul groupe que je vénère et avec qui je n’ai pas encore eu la chance de tourner. Michel me promet souvent de m’y envoyer quand ce sera l’occasion.
Mes bottes marron ce jour là, valsèrent dans l’entrée et d’une masse lourde je me jetai sur mon canapé.
Lire le courrier, est ce que je fais dès que je rentre de voyage, mais là les 3 petits jours londoniens n’ont pas suffit à remplir ma boite aux lettres. La seule lettre venait de mon fournisseur internet. Ca peut attendre.
Catou, la chatte vient se lover contre moi. Et tout en la caressant et bercé par Unintended de Muse, je m’endormis.
C’est la guitare diabolique de Brian Molko qui me réveilla en sursaut. Allongée sur le canapé rouge, je m’étais assoupie, Catou sur mes cuisses. La faim me crispa le ventre et en me trainant mollement je me servis un petit encas. L’horloge de la cuisine indiquait 14h10.
Michel m’attendait dans moins d’une heure et j’avais encore tout Paris à traverser.
Mon sandwich et mon yaourt avalés, je filais vers la salle de bain pour me donner un air présentable. Mes joues rougies par le sommeil me donnaient l’air d’une gamine, mes cheveux en désordre ma causaient plus de problème. Une touche de gloss sur mes lèvres, mon manteau enfilé à la hâte, je claquais la porte de l’appart.
Dans le taxi qui m’emmenait 38 rue Mont Cenis, la tête appuyée contre la vitre glacée, je regarde Paris défiler sous mes yeux. Un ciel grisâtre et lourd. On finissait le mois d’aout et déjà tout prenait des allures d’automne. Mon ipod sur les oreilles m’envoyait Ruby des Kaiser Chief, et des souvenirs pas si lointains me remontaient en tête. L’alcool, les fêtes, les rires, les nuits blanches, les fans à moitié nues, les salles pleines de cris, le chanteur au sourire si charmant…
Un sourire sur les lèvres je me remémorais les quelques jours passés en leur compagnie.
La chanson suivante figea mon sourire, Bill le chanteur des Tokio Hotel hurlait dans mes oreilles que l’on s’est aimé à mort. Totgetliebt.
Mon âme allemande était attendrie et charmée par ce jeune groupe d’outre Rhin. J’avouais sans honte que je connaissais un véritable coup de cœur pour ces petites jeunes à qui la vie souriait.
Le taxi se gara devant l’immeuble d’architecture Haussmannienne si répandu à paris.
Ben, l’agent de sécu de « Sing Events » m’adressa son plus beau sourire en me laissant passer. Ce pauvre homme avait beau déployer des efforts spectaculaires, il me laissait totalement indifférente. Après lui avoir lancé un bonjour amical, je prenais l’ascenseur retro pour atterrir au 4e étage où les bureaux de la boite étaient installés.
15h pile. Je suis la plus forte.
Michel m’attendait. Son agitation me surprit. Non pas qu’il était de nature calme mais cette agitation là je la connaissais pas.
D’un sourire nerveux il me prit par le coude et me traina à son bureau. J’eus à peine le temps d’envoyer un bonjour à Zara, l’hôtesse d’accueil.
Il me fit signe en silence de m’asseoir.
Il se mit derrière son bureau, debout.
La pièce était moyenne mais décorée avec un clinquement bling bling qui m’amusait. Tout blanc et or. La chaise sur laquelle je m’étais tant de fois assise, me semblait toujours aussi rigide et désagréable.
Michel prit un dossier devant lui et me le tendit.
- Tiens Sab, lit. Tu vas comprendre. Si tu savais comme je suis excité.
Je pris le dossier qu’il me tendait. Il s’agissait d’un budget, une sorte de pré-contrat envoyé par les maisons de disque pour sous traiter une tournée. J’en avais vu tant et tant que celui-ci me parut être banal. Sauf que le regard instable de Michel me prouvait le contraire.
L’entête d’Universal attira mon attention. Nous avions très peu de budget de leur part, ou alors pour des tournées françaises exclusivement et à petits moyens. Mais Michel déployait des efforts surhumains pour changer la donne.
Je parcourus les documents. Puis une seconde fois.
Je compris immédiatement la nervosité de Michel.
Universal proposait à Michel et sa boite d’organiser la tournée des Tokio Hotel.
11 dates françaises étaient prévues à partir du début de l’année suivante. 11 grandes salles. Sur 2 mois, s’étalent donc 11 concerts, mais aussi des shows cases privés, des interviews avec différents magazines, et aussi des séances photos.
Universal offrait la possibilité à Sing Events de traiter le projet.
Un ou une assistante devait leur être délégué, pour l’intégralité de la tournée. Les détails devaient être réglés directement avec le management qui se tenait à disposition.
Le tout pour une contribution financière énorme.
Le contrat précisait que le staff du groupe serait présent, maquillage, coiffure, et gardes du corps. Mais que toute la logistique annexe était à note charge. Les salles de concert avaient déjà étaient présélectionnées mais étaient à valider. Le management mettait la pression afin que la vente des billets soit rapidement mise en place.
L’assistant suivrait la tournée en interne, c'est-à-dire à temps complet. Pas comme sur d’autres tournées où seules les soirs de concerts étaient à sa charge.
Michel avait 3 jours pour donner sa réponse. Le budget datait de la veille.
Je levai mes yeux vers lui d’un air interrogateur.
- Lis la clause 5 Sabrina.
Les clauses que j’avais parcouru rapidement car elles étaient toujours les mêmes m’aida à comprendre définitivement en quoi Michel avait besoin de moi.
Clause n°5. L’assistant devra parfaitement parler allemand.
- Tu comprends pourquoi c’est à toi que je vais confier le projet ? tu es la seule à parler parfaitement l’allemand ici.
- Oui.
Je ne sus rien dire d’autre.
- Sabrina il faut que tu y ailles. Véro ne parle pas allemand, elle peut ne pas quitter sa famille autant de temps et je te sens capable de te débrouiller maintenant.
- Oui Michel mais 2 mois ! Je n’ai jamais fait plus de 15 jours.
- Je te fais confiance, je t’ai vu à l’œuvre, je suis très contente de toi et tu le sais.
- Michel tu sais que je ne te refuse jamais rien mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur, ils ont l’air vachement exigeant et cadrés.
- Oui et alors ? Tu en es capable. Sab je ne peux pas refuser. François le directeur artistique d’Universal m’a appelé déjà 3 fois depuis ce matin pour connaitre ma réponse.
Je levais mes yeux vers lui, une lueur d’inquiétude voila mon regard.
- Tu leur as dit oui c’est ça ?
- Oui. Et crois moi c’est une chance énorme pour la boite. Ce groupe de jeunes couillons, c’est du lourd crois moi.
- Je sais Michel, c’est du très lourd.
Mon souffle était saccadé, j’avais du mal à me calmer. 2 mois, avec les TH. Y avait de quoi resté scotchée. D’ailleurs je l’étais.
Michel ne me laissa aucun répit, pas le temps d’argumenter il avait donné sa décision.
- Ma chérie samedi soir Universal organise une soirée pour les allemands. Ce sera le moment pour te présenter à eux. Qu’en dis-tu ?
- J’en dis quoi ? Euh ai-je le choix ?
- Non ma belle.
- Ok Michel.
- Réjouis toi, tu vas vivre l’expérience la plus trépident de ta vie.
Il ne croyait pas si bien dire.
Ilse leva vient vers moi et m’embrassa sur els deux joues.
- Tu seras parfaite ma petite, j’en suis persuadé. Maintenant va voir avec Karen, on a reçu par coursier la liste du staff allemand et les coordonnées du manager. David Jost je crois, Karen t’as déjà pris rendez vous avec lui.
Sans me laisser le temps d’objecter je me retrouvais devant Karen amusée pendant que Michel s’éclipsait ravi et très fier de lui.
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Jeu 31 Mai - 17:52
