Ce fut déjà samedi. Ce matin là je me réveillais de très bonne heure déjà gagnée par l’angoisse.
Marielle dormait profondément dans la pièce voisine. Moi pas moyen de rester en place. Debout dans la cuisine j’avalais mon grand verre de jus d’orange en fixant l’extérieur. Il faisait beau et il était seulement 7h30. Mais la journée promettait. Tout d’abord il fallait que je sache quoi me mettre pour cette soirée. Et là blocage.
Que me mettre ? Je me rendais compte avec plaisir et agacement que j’étais typiquement fille. Mon armoire était pleine à craquer mais non, je n’avais rien à me mettre. Enfin rien de neuf, et je voulais du neuf pour ce soir. J’allais rencontrer les 4 garçons avec qui j’allaient passer 2 mois complets. Il était indispensable de faire une excellente impression. Ces petites flashions victimes allaient surement me jauger sur mon apparence et il était hors de question de concevoir des moqueries ou des haussements de sourcils.
Ce genre de soirée me prenait la tête, j’en avais déjà fait quelques une poussée par Michel qui souhaite que je me crée des contacts. Mais voilà, dans ce genre d’ambiance paillettes et strass, on rencontrait surtout des gens aux dents longues, au sourire faux et à la descente facile.
Mais j’allais y rejoindre Gerta. Gerta est maquilleuse-coiffeuse pour artistes. On s’est connu sur la tournée de Pink , où elle avait été appelée à la rescousse pour cause de désertage de la titulaire. J’avais été nommée pour le projet pour 2 dates parisiennes. Je m’y étais profondément ennoyée car Pink avaient une multitude d’assistantes et assistants autour d’elles et que moi je ne lui servit à rien. Mais j’ai fait ce jour là la connaissance de Gerta.
Plus petite que moi, les cheveux roses foncés, 2 piercings au sourcil et à la lèvre, maigre comme un homme et fringuée en dépit du bon sens, Gerta est géniale. Une fille sans prise de tête, super douée, super réclamée. Bavaroise de naissance, elle continuait à parler avec un léger accent germanique et il nous arrivait souvent de parler allemand entre nous.
Notre amitié s’était développée rapidement et dès qu’on le pouvait on se voyait.
David m’avait annoncé qu’une maquilleuse était déjà présente dans le staff du groupe, sinon j’aurais choisi Gerta sans hésiter.
J’allais donc la retrouver ce soir, et cette pensée me rassurait. Elle allait encore bien me faire rire et me présenter à tous ses copains techniciens. Mon célibat la perturbait, pourtant elle avait aussi ce statut. Mais volage et profitant de la vie, ses nuits étaient rarement solitaires.
Un sourire aux lèvres en pensant à ma Gerta, je décidai d’aller me préparer en silence et de sortir.
Une heure plus tard je me retrouvais dans la rue. Quelques rayons de soleil tentaient une percée timide. Vêtue d’un jean, d’un sweat noir et de mes converse chéries, je pris le métro pour le centre ville. Décidée à faire flamber ma carte bleue pour cette soirée qui restera gravée dans les annales.
Peu de monde dans les rues et dans les boutiques. Ce qui fut le plus difficile c’est de figer mon choix sur un type de tenus. J’abandonnai l’idée du jean. Fallait que je perde cette sale habitude d’en porter un autant que possible. J’envisageais un pantalon noir classique. Puis devant un rayon d’un magasin très girly, je flashais sur la plus mignonne des robes que je n’avais jamais vues.
Une robe en satin noir toute fluide, descendant à mi-cuisses. Le dos de la robe était ouvert de la nuque au bas du dos mais tout en discrétion, seuls mes mouvements feraient apercevoir cette ouverture. Le devant était sobre et pas de décolleté choquant, juste un col en V. De l’épaule gauche partais de fins rubans violets qui descendaient sur toute la robe en tournoyant de façon à se retrouver au bas de la robe, dans le dos. 3 rubans se suivaient de la même façon.
Mon choix s’arrêta sur cette petite merveille qui coutait la modique somme de 99€.
Je choisis ma taille et fila en cabine. La vendeuse me suivit et attendit ma sortie.
Le tissu glissa soyeusement sur ma peau et un délice me parcourir, cette robe était d’une sensualité frissonnante.
Je sortis de la cabine et la vendeuse me regarda toute souriante.
- Cette robe est parfaite sur vous.
- Merci
Le reflet du grand miroir d’en face me renvoya mon image. La robe tombait parfaitement. Je me regardais de haut en bas. Un sourire satisfait étira mes lèvres.
- Qu’allez-vous porter comme chaussures ?
La vendeuse était toujours là à me fixer. Je l’avais presque oubliée.
- Sincèrement je n’en sais pas. Je ne voudrais pas en faire des tonnes et des talons hauts qui sembleraient pourtant de rigueur m’effraient. Je voudrais avoir un air décontracté quand même.
La vendeuse mima une grimace.
- Pourtant je vois mal cette robe avec des converses.
Je me retournai vers elle, en riant.
- Oui ça c’est sur mais je verrais bien des bottes.
Son air horrifié me fit changer d’avis.
- Attendez moi là je reviens.
Elle disparut pour revenir une minute plus tard avec une paire de sandales noires vernies à talons hauts. Moi qui suis une grande fan des sandales, je fondis sur cette magnifique paire que j’essayai illico.
Pile ma taille, cette vendeuse n’était pas si bête.
Je grandis de 5 bons centimètres et mes jambes s’en trouvère comme par magie, affinées.
J’avançais puis reculais, puis tournait.
Ok je pris cette robe.
- Vraiment un excellent choix. Vous êtes superbe.
Ben voilà cette petite idiote venait de me faire acheter une robe et des sandales pour plus de 150e sans compter les colliers et bracelets que je ne pus m’empêcher d’acheter.
Sortie avec mon grand sac je souriais aux passants, d’un air béat, et idiot.
11h. J’étais plutôt en avance sur mon planning. M’arrêtant pour refaire mon lacet, la boutique à ma gauche m’interpella. Ne devanture flashions, avec des néons colorés et des gens à l’intérieur super stylés. Ce salon de coiffure était ce qu’il me fallait.
J’entrais timidement. Un jeune homme dégingandé s’approcha de moi, tout sourire avec une voix trainant typiquement parisienne et typiquement gay.
- Euh je voudrais un rafraichissement de mon dégradé et de mes mèches.
- Mmm mm.
Le jeune homme avait fourré ses longs doigts dans mes cheveux et les soupesé, les tiraient, puis les ébouriffaient.
- Okaya, suivez moi. Vous avez de beaux cheveux, une merveille.
Mon égo flatté par ces compliments je lui tendis mes affaires et enfila un peignoir blanc immaculé, puis m’assis sur un fauteuil face à un immense miroir.
- Je reviens de suite okay ?
- Ok.
Jetant un œil sur mes mains, je suis satisfaite de ma french qui n’avais, miraculeusement qu’une petite semaine.
Le coiffeur revint avec sa pochette de ciseaux qu’il étala devant moi.
2h30 plus tard je ressortis de coiffeur délestée d’une somme rondelette mais entièrement satisfaite.
Mes cheveux bien que rafraichit, me semblaient plus longs. Je les sentais glisser dans mon dos.
Ma frange sur les yeux, et mes mèches brillantes, j’entrepris de me trouver un truc à manger, mon ventre hurlant famine.