Je vous épargnerais les mois qui suivirent pour aller dans le vif du sujet, à savoir l’entrée dans la tournée des TH.
Nous étions le 6 janvier 2008.
J’étais encore dans les vapeurs d’alcools et de nourriture des fêtes de fin d’années.
Après avoir bossée comme une dingue, ces derniers mois, en ayant réglé, planifié mille détails, j’avais pris ces fêtes comme un soulagement et j’en avais plus que profité.
Il était 9h05 et j’étais prête. Prête à partir rejoindre le groupe allemand. Ils arrivaient dans notre capitale pour entamer leur promo et enchainer diverses itw.
David dans son dernier mail avait demandé de les rejoindre à l’hôtel Costes dans la matinée.
Les garçons y étaient toute la journée et recevaient les journalistes sur place.
J’allais du coup rencontrer de manière définitive tout le staff.
Pas trop nerveuse bizarrement, plutôt sereine et calme. Il faisait moche , pluvieux et bien froid. Le temps comme je l’aime.
Après avoir fermé mon manteau, enfilée mes mitaines en laine et mon écharpe, je sortis de chez moi.
- A u Costes s’il vous plait.
Le taxi chauffé me fit du bien, je fermai les yeux quelques instants en pensant à ce qui m’attendait.
Même si je m’y attendais je fus bien surprise de voir autant de fans massées devant l’hôtel. Des dizaines et des dizaines, partout, seules des barrières et des vigiles sévères les empêchaient de s’engouffrer à l’intérieur.
Je me frayai un chemin difficilement en distribuant des pardons à tout va.
Montrant mon badge à chaque agent tous les 2 centimètres, sous des regards féminins intéressés et intrigués.
Je soufflai une fois entrée. Ce truc de dingue j’allais m’y habituer difficilement.
A l’accueil je demandai à quel étage se passaient l’événement.
- 1er étage dans la salle « Barbara », mademoiselle.
- Je vous remercie.
Avançant dans le hall somptueux, mes bottes foulant une épaisse moquette, le stress commença à s’insinuer en moi.
L’ascenseur feutré laissait filtrer une légère musique.
J’avançais doucement dans le couloir, l’attroupement présent devant la salle me guida.
Montrant à nouveau mon badge on me laissa entrer.
Silencieusement je tentais de prendre mes repères.
David au fond de la salle me fit un signe de la main.
La suite était immense, richement décorée. Beaucoup de monde, des journalistes qui patientaient dans un coin, des caméras dans les mains. Des gens qui entrait et sortaient pour vérifier telle ou telle chose.
Au centre un grand canapé avec les 4 garçons installés.
Ils se tenaient tous bien droit, Bill et Tom au centre et Gus et Georg aux extrémités.
Bill répondaient aux questions, les autres approuvaient par des hochements de tête.
Un homme d’une 40e d’années cria un STOP pour indiquer aux journalistes que leur tour était fini, place aux suivants.
Une jeune femme se leva de je ne sais où, et avec pinceaux et poudre, réajusta Bill et même les autres. Les journalistes sortaient et d’autres prenaient place. Je profitais de ce moment pour me rapprocher de David qui m’accueillit avec un grand sourire et ses éternelles bises sur mes joues. Je lui rendis son sourire et il me tendit un dossier relié. Dessus était écrit Tour Board. On ne perdait pas de temps.
Les garçons se rendirent compte de ma présence et m’adressèrent des signes de mains.
Mais happé par le nouvel itw qui commençait ils se concentrèrent.
Avec David on en profita pour faire le tour du staff. Pas de femme hormis Alois, la maquilleuse-coiffeuse. Une fille de 25 ans, pas très grande, brune aux cheveux bouclés, elle me parut de suite sympathique. David m’informa qu’elle ne ferait pas la tournée complète mais juste quelques dates, Bill devra se dérouiller seul certaines fois.
Je fis la connaissance de Saki, le garde du corps des garçons, de Toby son second. Des sourires et des paroles chaleureuses achevèrent de faire disparaître ma nervosité.
Le temps passa vite et l’heure du déjeuner approcha.
Les journalistes firent remercier et les garçons purent souffler.
Bill se tenait devant moi.
- Bonjour Sabrina ! Comment ça va ?
- Bien, merci Bill. Vous êtes déjà dans le bain à ce que je vois. Tout se passe bien ?
Tom arriva suivi des deux autres.
Bill se tourna vers son frère.
- Oui tout se passe bien, on répète 100 fois les mm choses mais bon on est habitués.
Tom attrapa un paquet de chewing gum sur une table garnie de milliers de friandises. Après m’avoir embrassé à la David, les 3 autres l’imitèrent.
- On va manger ?
Tom donna le signal.
4 petites tables étaient dressées à notre intention dans le restaurant de l’hôtel.
Les garçons me montrèrent une place avec eux, David à ma droite, Gus à ma gauche, Bill en face et Tom sur mon coté.
La conversation tournait autour des semaines à venir, j’eu droit à plein de question de Tom qui parla tout le long.
Seul bill garda le silence en piochant dans son assiette l’air pensif. Je me risquai à des petits regards vers lui, mais il restait assez discret et se contentait de sourire aux blagues de son frère.
David leur annonça que j’entrais dans mes fonctions après le repas.
J’allais commencer à gérer le flux de journalistes, tout était planifié, je connaissais mon programme sur le bout des doigts.
L’après midi se passa bien, entre ma gestion des journalistes, et les blagues foireuses des garçons, tout passa très vite.
18h c’était fini.
Il était temps de partir, le bus nous attendait dehors.
- Charly c’est bon tu es là ?
- Oui Sab, y a 10000 ados déchainés.
- Je m’en doute Charly, en plus en t’ayant vu elles doivent être affolées.
- M’en parle pas elles tambourinent sur le bus comme des dingues.
- Prépare toi on descend dans 5 mn.
Je donnai le coup d’envoi.
Bill, Tom, Gus puis Georg en file indienne derrière Saki et devant Toby, commencèrent leur sortie.
Pas un mot, juste des petites phrases courtes des sécus « restez pas longtemps » « ne tendez pas vos mains » « Pas de photos ».
David, Alois et moi sortirent les premieres. Ca criait, ça hurlait, ça bougeait, ça pleurait, ça suppliait.
Une fois dans le bus, j’avais l’impression d’avoir fait 2 heures de concerts dans la fosse de Bercy.
- Salut mon Charly !
- Bonjour Sab, délire hein ?
- Arrête c’est un truc de dingue.
Charly c’est le chauffeur que j’ai recruté pour la tournée. Il est français, parle pas un mot d’allemand, a bien 50 ans passé et connaît les routes de France sur le bout des doigts.
David s’installa dans les premiers sièges et me regarda en souriant.
- C’est comme ça à chaque fois, quel bordel.
Tournant mon regard devant la foule à l’extérieur je vis les têtes des garçons avançaient doucement. Bill et Tom signaient des autographes dans le brouillard, ne s’attardant sur personne mais distribuant des sourires au hasard.
Charly ouvrit les portes et les garçons s’y engouffrèrent.
- Putin ces françaises ont le sang chaud, y en a 6 qui m’ont agrippées la main.
- Arrête Tom te plains pas, on sait tous que t’aime ça.
- Arrête tes conneries, ça fout la trouille oui.
Gus vient vers moi et me tendis un bonbon d’une main tremblante.
- Merci Gus.
Le pauvre petit était assez troublé de la folie des fans.
David le suivit du regard alors qu’il rejoignait le reste du groupe dans le fond.
- Gus est toujours impressionné par tout ça, faudra bien qu’il s’y habitue.
Les sécus et Alois se jetèrent sur les banquettes, d’un air las.
Le téléphone de David sonna.
Nous étions en route en direction d’un autre hôtel parisien, plus discret. Bercy était dans deux jours.
- Sabrina tu veux boire quelque chose ?
La grosse voix de Tom me fit presque sursauter.
Lui répondant d’un hochement de tête j’avançais doucement vers eux.
Ils avaient sortis des tas de trucs à manger sur la table. Des fruits, du coca, de l’eau, des bonbons, des chocolats.
Dire qu’on avait seulement une demi-heure de route…
Je m’assis sur la banquette Georg se mit d’office à coté et tous prirent place autour de la table carrée.
- Tiens.
Tom me servis un grand verre de coca light.
Mais c’est Bill que j’observais.
Il était en train de s’engouffrer un paquet entier de crocodiles Haribo.
- Il est capable de s’enfiler le paquet entier, me précisa Tom ayant suivi mon regard.
- Je vois ça.
- Tu en veux ? me demanda Bill.
Il me tendit le paquet déjà à moitié vide.
- Non merci Bill je n’en veux pas.
D’un sourire il reprit son paquet et piocha dedans.
- Alors Sabrina, c’est quoi notre planning de demain ? me questionna Georg.
- Vous avez un shooting photos dans les studios Beautier à 10h. 14h direction Bercy pour un repérage et 17h quartier libre et à ce que j’ai lu il semble que je dois accompagner Tom chez le dentiste.
Un sourcil épais se souleva alors que des rires fusèrent.
- Putin c’est toi qui m’accompagnes ?, m’interrogea Tom
- Personne ne semble savoir parler français ici.
- Ouais je sais. Mais j’ai vraiment mal à ma dent. A m’en taper la tête contre les murs.
- Ca ne se voit pas tant que ça, lui répondit Bill.
- Arrête Bill tu sais bien que je suis bourré de médocs. Tu m’as déjà pris rendez vous ?
- Oui je l’ai fait tout à l’heure, lui répondis-je. On ira demain à 18h, il te prend en dernier. Ca ira jusque là ?
- Oui je pense.
- Faudra lui tenir la main, Tom a la trouille des dentistes, déclara Bill.
- Bill tu fais chier, toi aussi faut te tenir la main.
On partit tous d’un fou rire. Sauf Tom un peu vexé d’avoir lâché un moment de faiblesse.
- T’inquiète pas Tom, je te tiendrais la main, lui chuchotais-je
- T’as intérêt.
10mn on était arrivés. Personne devant l’hôtel. Mes réservations à moi étaient restées discrètes, j’en fus intérieurement satisfaite mais encore plus fière quand David me complimenta à ce sujet.
Distribution des cartes de chambres. Chacun la sienne, tous sur le même étage.
Je me rendis compte arrivée à destination que je me trouvais entre celle de Georg et celle de Bill.
- Dans une heure en bas les garçons déclara David
- Moi aussi chef ?, lui demandai-je.
- Vous aussi jeune fille.
- On pourra sortir ce soir ? demanda Tom
-
Il regardait David d’un air interrogateur.
- Le bar de l’hôtel, mec. Rien d’autre pour ce soir.
Tom repartit boudeur.
En riant on se séparant.
Enfin seule, je me débarrassai de mes chaussures et de tout le reste. Une bonne douche s’imposait.
Le jet d’eau brulante acheva de me détendre. Ma première journée était satisfaisante. J’étais au fond de moi super contente et sous la douche je laissais mon enthousiasme éclater. Je me mis à chanter très fort Every you Every me de Placebo.
J’enfilai mon jean, mes santiags noires, une tunique assortie. Mes bijoux, mes bracelets. Mes cheveux lâchés flottant sur mes épaules. Mes paupières légèrement grisées, mes joues rosées et mes lèvres glossées d’un rose brillant, je descendis.
Tom était déjà là, tout habillé de gris, a faire le joli cœur à la réceptionniste qui bredouillait un allemand médiocre. Tom s’en amusait. Gus était assis sur un siège et écoutais son ipod en remuant la tête, il me sourit. J’allais vers lui.
- Bill ne va pas tarder, quant à Georg, on va galérer.
Bill arriva aussitôt, habillé d’un jean brut, d’un pull rouge ses cheveux ramenés sous une casquette souple noire. Les yeux peu maquillés il s’approcha de nous en jetant un œil moqueur sur son frère toujours occupé à draguouiller la pauvre réceptionniste rouge de timidité.
- Ben on a plus qu’à attendre Georg, David est passé le prendre. Le pauvre.
- Georg est toujours en retard c’est ça ? demandai-je
Bill tira un siège vers lui et se mit près de moi.
- Oui, il gave avec ça, mais c’est plus fort que lui, on a tout essayé mais il est toujours à la bourre.
Gus nous écoutant d’une oreille, riait doucement.
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