Oh oh oh, watching America…..
Nouveau single des Razorlight qui passe à la radio, je pars dans mes pensées. Au volant de ma petite voiture, coincée dans les embouteillages parisiens, je rêve.
Johnny a vraiment une voix prenante, cette chanson est très belle, elle m’émeut.
Johnny et moi c’est fini. Ca aura duré bien plus que ce que j’aurais cru. Mais sans sentiments on use vite une relation. Pourtant il avait beaucoup de qualité, beaucoup de points positifs chez lui. De la gentillesse, de l’attention et de l’humour. Mais surtout beaucoup de tendresse. Ahhh ça il m’a eu avec, toujours à me protéger, à m’entourer de ses grands bras, à me faire des bisous par ci par là. Ce que ça peut faire du bien de se sentir cocooné de cette façon, même si c’est par un grand gaillard de 2m, aux cheveux hirsutes et à la descente facile. Ses éclats de rire bruyants me manquent parfois, et je souris toute seule à cette seule pensée.
Katie m’en a fait la remarque l’autre matin.
-Ne me dis pas que Johnny te manque ?
-Certains moments oui…
Et je reste dans le vague, Katie pourra me torturer elle ne saura rien de plus.
Le boulot continue dans sa lancée et j’avoue me passionner de plus en plus pour ce que je fais. Tous ces artistes qui passent et repassent devant moi me font le même effet que tous ces passants que je croise en allant faire mes courses ou dans ces voitures près de moi qui patientent en râlant.
Johnny pense toujours à m’envoyer des fleurs quand il est sur Paris et je prends toujours plaisir à lire ses petits mots écrit d’une écriture d’enfant sur la carte.
Je sors beaucoup en ce moment avec Charlène, on va à toutes les remises de disques et je me sens épuisée.
Je tente d’éviter le sujet mais toujours pas de nouvelles de vous savez qui. Disparu, retourné dans sa patrie.
C’est fou comme je peux penser à lui, ce petit con maquillé qui se prend pour une star … qu’il est… Par Katie, je sais qu’il sera bientôt sur Paris pour la promo du dernier album.
Rien que d’y penser j’en suis toute nerveuse. Et Katie le sent bien.
Ce matin je suis en retard, va falloir que j’abandonne l’idée de la voiture pour aller bosser, et retourner au bon vieux métro. Une demi-heure pour faire une dizaine de kilomètres ce n’est pas normal.
Toute énervée j’entre dans mon bureau. Katie n’est pas encore là et tant mieux, j’aurais eu du mal à supporte son bavardage ce matin.
36 mails, merde je ne m’en sortirais pas. Allez je file en réunion. Réunion bâclée pour cause d’absences massives des manageurs.
Je me jette sur mon ordi, ça clignote rouge. Ah ben voilà Raphael à réussi le disque de platine avec son dernier album « Renaissance d’un cœur ». Je m’en doutais, il va être ravi. Encore une soirée en perspective.
Je sors mon portable du tiroir et je compose le numéro de Caroline la manageuse de Raph. Messagerie. Elle doit encore dormir la bougresse. Allez quand faut y aller faut y aller les ordres sont les ordres, j’appelle Raphael. 9h16, il doit dormir mais tant pis.
-Allo ?
-Bonjour Raphael, c’est Sabrina du service des ventes. Je vous réveille ?
-Non, non.
-En fait Caroline ne répond pas donc je vous appelle directement. Vous êtes ok pour le platine, je suis ravie pour vous, félicitations !
-Oh mais c’est une sacrée nouvelle ça… Je savais que cet album marcherait.
-Encore félicitations. Je vous attends plus tard pour les formalités de la remise ?
-Euh oui ok je passerais vers 11h, avec Caro.
-A plus tard.
-Oui à plus tard, au revoir.
10h35, Katie n’est toujours pas là.
-Salut Charlène c’est Sabrina. Pas de nouvelles de Katie ce matin ?
-Oh pardon ma belle j’ai oublié de te prévenir, ce standard me tuera. Katie est malade, elle prend surement la semaine entière.
-Ce n’est pas vrai !!! Je vais devoir me taper son boulot, et avec les disques qui tombent je vais bosser même la nuit !
-Allez courage Sab, tu vas gérer.
-Merci Charlène, à plus…
-Oui à plus, Raphael monte.
-Ok, bisous.
Raphael entre une demi-seconde plus tard. Habillé d’un jean délavé et d’un pull noir, il entre timidement dans mon bureau. Seul.
-Bonjour Raphael. Les contrats sont là, et à vous de me dire la date de la remise.
-Ok ok, pour la remise je verrais avec Caro, si on peut éviter.
J’ai droit à un clin d’œil complice. Raphael déteste les remises et s’il peut éviter d’y assister il le fait.
-Je signe où ?
-Ici, ici, et encore ici.
-Ok
-Bravo encore, cet album devait marcher, il est sublime. C’est mon préféré.
-Merci, c’est aussi mon préféré. J’y ai mis une bonne partie de moi dans ce disque.
Allez je file, je dois être sur Europe 2 dans une heure.
-A bientôt Raphael.
-A bientôt Sabrina.
Il sort, aussi vite qu’il est entré. Je reste là à fixer la porte, ce type est étonnant.
Pas le temps de me remettre à bosser qu’un autre gars entre dans mon bureau. Un type dont je ne vois que les jambes puisque le reste de son corps est caché par un immense bouquet de fleurs. Johnny a fait fort sur ce coup là.
-Posez-le sur cette table, je vous remercie.
Il claque la porte derrière lui. Je me lève et je souris à la surprise que me réserve cette fois, ce déjanté de Johnny. Quel genre de mot m’a-t-il encore écrit ? La dernière fois c’était « No Sabrina in London, That’s horrible. Kisses from me. Johnny » d’une écriture toute tordue.
Ou encore la semaine dernière « Where are you honey ? Come quickly !! Its a joke. Kisses from Johnny »
Toujours amusants, tellement gentils.
Je trouve la carte dans les fleurs. Une carte plus petite que d’habitude, avec pas la même écriture que d’habitude.
Mes doigts tremblent. Non mon corps entier tremble.
« Je serais à Paris demain. Que dirais tu de diner avec moi ? Brian. »
Brian ? Brian qui ? Mais enfin Briaaaaaaaan qui ? Oh faut que je m’assois là.
Brian euh Brian Molko ??
Il veut diner avec moi ? Demain soir ? Merde alors ! Et il veut que je lui réponde comment ?
Ma ligne fixe sonne et je mets quelques secondes à m’en rendre compte. Je décroche d’un geste brusque.
-Oui Charlène ?
-Une communication pour toi.
-Qui est-ce ?
-Un type qui veut parler qu’avec toi.
-Ok lance.
Mince qui est ce con qui vient troubler ce moment magique.
-Allo ?
-Bonjour Sabrina, c’est Brian au téléphone.
------- Je crois que je suis morte --------
-Bonjour Brian, comment tu vas ?
--- ---- Ohhhh je l’ai tutoyé, pour qui je me prends ? Nous ne sommes pas au Queen là.-------
-Je vais bien merci. Tu as reçu mes fleurs ?
-Oh oui…merci beaucoup, elles sont magnifiques.
-Tu as aussi lu la carte I suppose ?
-Oui, oui.
-Tu es ok alors ?
-Bien sûr avec plaisir (grand plaisir, enooooorme plaisir)
-Ok, où habites tu ?
-------Il y va carrément lui------
-132 rue des Francs Bourgeois dans le 16e.
-Ok je donne l’adresse à mon chauffeur. Il passe te prendre vers 20h ça te va ?
-Euh oui pas de soucis, 20h00 c’est parfait.
-Sabrina ?
-Oui ?
-Je suis très content que tu acceptes mon invitation you know ?
-Tout le plaisir est pour moi Brian. Tu restes sur Paris combien de temps ?
-Oh quelques jours, je dois passer voir Katie.
-Katie est malade, on devra traiter ensemble.
-Ohhh je m’en réjouis d’avance.
-----Rires de Brian----Coeur de Sabrina qui s’affole--------
-Je dois te laisser, les autres m’attendent. A demain soir.
-A demain Brian, bonne journée à toi.
Un arrêt cardiaque vivante ça existe ? La preuve que oui. Ou plutôt non, mon cœur est bien là, je l’entends résonner dans la pièce.
Je le crois pas, Brian vient de m’appeler moi. Moi !!!! Après presque un mois et demi de silence radio, monsieur se manifeste.
Le fixe re-sonne.
-Oui Charlène ?
-Alooooors c’était qui ?
-Allez dis le que tu as déjà ta petite idée.
-Ben (rires) le numéro vient de l’Angleterre. Allez dis moi, ce n’est pas Johnny en tout cas.
-C’était Brian Charlène, Brian Molko tu te rends compte ?!!!!!!
-Oh my god, je le crois pas !!! Il te voulait quoi ?
-Me confirmer l’invitation de demain soir.
-Une invit mais quelle invit ? Mais tu m’as rien dit !!!
-Ben…les fleurs… la carte, l’invitation quoi…
-Les fleurs qui viennent de monter c’était lui ? Mon dieu tu te rends compte ?
-Oh oui je me rends compte. Euh je te laisse les ordis clignotent.
-Ok ok je monte te voir plus tard.
Elle a aimé les fleurs. Bien sur toutes les femmes aiment les fleurs. Un mois et demi que je n’avais plus entendu parler d’elle.
Menteur que je suis, bien sur que j’en ai entendu parler. Johnny m’a assez raconté de trucs sur cette fille, même leur séparation. Ce con est allé jusqu’à me raconter « la douceur de ses lèvres », « la douceur de ses mains ». Remarque il est déjà avec une autre gonzesse, il l’a vite oublié sa petite française.
Pas moi. Non pas moi. Je n’oublie pas ce genre de fille. Et pourtant ce dernier mois j’en ai eu des trucs à faire et ben elle a réussi à s’incruster dans mon emploi du temps.
Quel petit con je fais. Je crois que ce qui m’a le plus marqué chez elle, c’est son regard. Des yeux aussi noirs que les miens sont bleus. Un regard énigmatique, profond et insondable. Bon et ben voilà Molko demain soir tu l’auras en face de toi pendant un bon moment. Tu pourras ouvrir grands tes yeux et voir que cette fille est quelconque et tu pourras ensuite l’oublier. Comme pour toutes les autres. Ce que j’ai pu me sentir comme un con l’autre soir au bar du Coste. Elle me regardait droit dans les yeux comme si j’étais la dernière des merdes. Ca va changer petite française, Molko n’a pas dit son dernier mot. Mais d’abord me faire plaisir…
D’abord rassembler mes idées, toutes mes idées ! Puis continuer à bosser.
11h43, vite que les minutes défilent et que je puisse me soulager et parler à Charlène.
Mon pauvre corps tout secoué par tant d’émotions, tremblote encore. Mais le retour à la réalité se fait assez brusquement par l’arrivée inattendue de mon responsable. Va falloir plancher sur le cas d’absence « Katie ».
Charlène et mon dégorgeage de pensées ce sera pour plus tard, bien plus tard.
Mon dieu je n’y crois pas.
Demain soir j’ai rencard avec Briaaaaaaaaan
Brian qui ?
Brian Molko enfin !
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Dim 4 Fév - 1:35
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Ce soir...si vous êtes sages 