132 rue des Francs Bourgeois, dans le 16e.
Je ne vous avez pas encore parlé de mon petit appartement parisien ?
C’est un appartement que j’ai trouvé grâce à une amie du cousin d’une collègue de boulot. Et oui ça aide les relations. Une petit 2 pièces au dernier étage d’un petit immeuble sympa.
Un grand salon avec un parquet de bois et deux petites fenêtres, une cuisine minuscule où je n’ai pas réussi à entrer une table et ma chambre qui reste ma pièce préférée. Je l’ai décoré de façon à m’y sentir le mieux possible. Lit futon de bois clair, grosse couette blanche immaculée. Mon salon lui est bien plus coloré, du rose framboise, du chocolat, de l’ocre et du blanc.
Pour agrandir le mince couloir j’y ai installé un grand miroir dans lequel je peux me regarder entièrement et en me reculant j’atterris dans ma chambre et je peux me regarder de loin.
C’est devant ce miroir que je me trouve à l’instant présent.
Devant le miroir, en sous vêtements.
Indécise. Hésitante. Le sourcil froncé et la bouche grimaçante.
J’ai dévalisé les boutiques en rentrant ce soir. Je me suis achetée 2 jeans, 4 hauts, 2 paires de collants, 1 jupe noire et un collier breloque. Le tout pour une petite fortune.
Malgré ces nouvelles fringues, plus celles déjà présentes dans mon armoire, et bien je ne sais pas quoi me mettre.
Les sous vêtements aussi ont été triés, mais mon choix s’est figé sur ce charmant ensemble en dentelle noire, tout sobre, très sexy. Mais bon personne ne les verra n’est-ce pas ?
Rien à faire j’hésite toujours. Le jean je trouve ça trop décontracté, la jupe trop suggestive, le pantalon noir trop snob.
J’ai du mal. Il est 18h55, il me reste une heure pour trouver de quoi me vêtir.
Je ne pense pas que Brian se mettra en costard donc le jean me semble adéquat. Surtout ce genre de jean qui est sensé être chic.
Ce que j’ai pu bâcler mon boulot aujourd’hui, pourtant avec l’absence de Katie j’avais de quoi m’occuper. Mais rien à faire, l’idée de revoir Brian ce soir m’ôte toute concentration.
Un diner avec Brian. Combien de filles en rêve ? Ou de mecs… Et pourtant je suis l’élue de la soirée. Y a quand même de quoi être nerveuse.
Mon reflet me renvoie celui d’une fille en petite culotte, les yeux dans le vague, le sourire aux lèvres et le cheveu mouillé.
Viiiite, faut que je réagisse. Allez hop j’enfile ce jean Pepe, celui dont la vendeuse m’a dit qu’il me faisait de longues jambes. Cette idiote sait elle seulement que ce soir mon petit 1m63 me convient parfaitement ? Et oui Brian ne fait guère plus et il est hors de question que je sois plus grande que lui, d’ailleurs pas question de mettre des talons.
Le jean est mis. Il est sublime d’ailleurs, voilà enfin une bonne affaire. Bon le haut maintenant. Allé tant que j’y suis, j’opte pour le décolleté. Il faut être chic non ? Et le décolleté ça fait chic. Le tout neuf sera parfait. Tout noir, descendant sous la taille, près du corps et avec ses 4 boutons sur la poitrine…
Pfff non ça ne va pas, j’ai l’air de sortir du métro… J’enlève tout et me retrouve au point de départ, en petite culotte.
La porte de l’armoire est ouverte sans précaution et je recommence ma fouille minutieuse.
Mais voilà, j’ai trouvé ce qu’il me faut !!
Ce petit short en tergale noir que j’ai acheté le mois dernier et que je n’ai jamais mis car il fait trop classe. Un petit short bien coupé, taille basse et qui descend à mi-cuisses. Allez je replonge dans mes tiroirs à la recherche de la paire de collant noirs à légers motifs arachnéens pour aller en dessous. Yes, le résultat me plait et pour aller avec je mets la chemise près du corps et cintrée à souhait rose framboise. D’un beau rose vif, flashy qui contraste bien avec le noir du short.
Me reste les bottes noires montantes à mettre et la tenue est finie.
Je me scrute, me tourne puis m’éloigne, le résultat me plait.
Allez au maquillage. Du fond de teint, de la poudre pour fixer le tout. Du gris sur les paupières, un trait de crayon noir au ras des cils, du mascara et du gloss framboise assorti à ma chemise. Une touche de blush pour me faire les joues rosées et avec un coton tige, je fume le crayon noir autour des yeux pour faire un effet charbonneux. Mes cheveux sont lissés et me tombent sur le dos, ma frange sur les yeux et un bandeau large noir pour mettre une touche chic à la tenue.
Je superpose 2 colliers en perles noirs, plus un dernier rose comme ma chemise et je les mélange. A mes oreilles, des petites créoles noires.
Je pschitt mon parfum Délices de Cartier dans mon cou, sur ma nuque, sur mes poignets et me voilà prête.
Je regarde l’heure, 19h53. Mon dieu me voila pile poil à l’heure. Je sors de mon placard mon petit sac à main noir et j’y glisse mon portable, mes chewing gum, mes clés, un petit miroir, mon gloss.
Bzzzzzzz.
Le parlophone sonne.
-Oui ?
C’est le chauffeur. Il est déjà là. Un dernier regard au miroir de l’entrée, mon manteau sur les bras et je claque la porte.
Au bas de l’immeuble, une belle Mercedes noire brillante m’attend. Le gros chauffeur m’ouvre la portière en m’adressant un sourire.
Le cuir chauffé est agréable et mes jambes cessent de trembler.
Les vitres sont teintées et je prends un malin plaisir à regarder Paris défiler sous mes yeux. Les gens se pressent dans les rues, les bouches de métro sont envahies, les restaurants illuminés laissent apparaître derrière leur vitrines, des gens attablés sirotant un verre. Un sourire s’est plaqué sur mes lèvres et n’en bouge plus. Je me sens légère, comme droguée. Le chauffeur a mis une musique douce, du jazz je crois, je n’aime pas en tout cas. Mais même à cette musique je souris.
La voiture ralentit et s’arrête devant un hôtel. Je me penche pour lire ne nom et je reconnais le Georges V. La portière s’ouvre de l’autre coté et un Brian emmitouflé apparaît comme par enchantement près de moi.
Avec son grand manteau noir, son bonnet et l’écharpe noirs, il est méconnaissable. Mais en y regardant de plus près il se distingue malgré tout. Ses yeux bleus lagons et son sourire me rappellent qui il est et c’est d’une voix timide que je lui dis bonsoir.
Il me répond avec un grand sourire et après s’être débarrassé en pestant de son bonnet il se penche vers moi et m’embrasse la joue.
- Comment ça va Sabrina ? Je suis gelé pas toi ? Henry, montez un peu le chauffage s’il vous plait.
En écoutant ma réponse voilée, ce cher Brian ne se gène pas pour me dévisager de haut en bas. Son regard se pose sur mes yeux, sur ma bouche puis sur mes jambes. Je fais semblant de rien mais son regard me donne des frissons.
- Tu es ravissante ce soir.
Merci pour le compliment Brian. A mon tour de te dévisager. D’abord ton visage, peu de maquillage mais maquillage quand même. Du noir autour des yeux, du fond de teint, et un léger gloss transparent qui lui font briller les lèvres. En me souriant il cherche dans sa poche une cigarette qu’il met à sa bouche et qu’il allume.
Ce qu’elle est jolie ! Elle me sourit naturellement en me regardant et me dévisageant comme si de rien n’était. Sa jolie main posée entre elle et moi me tente. Et son parfum…J’attendais avec impatience ce moment là, de la retrouver seule face à moi. Je ne suis pas déçu, la soirée promet. Arrête de me regarder comme ça mon chou, où je te saute dessus.
Merde la fumée la gène, elle secoue discrètement sa main pour chasser la fumée. Tant pis, je la fume entièrement. Elle devra supporter.
Hypnotisée par son regard bleu et son sourire charmeur je me prends au jeu. Je ne frissonne plus et au contraire je me détends. La fumée m’étouffe mais il a l’air de s’en fiche royalement. La voiture s’arrête et Brian, la cigarette coincée entre ses lèvres, se bat avec son bonnet et son écharpe. Avec un petit rire, je m’approche de lui et l’aide. Et voila un tour d’écharpe et le voilà bien couvert. Nos regards se croisent et son sourire prend une apparence séductrice qui me laisse un drôle d’effet.
A peine sortie de la voiture je retrouve Brian près de moi qui me tends son bras. Je glisse mon bras dans le sien et je suis tout contre lui. La chaleur de son corps me rassure et me fait du bien. Finalement il n’est pas si petit. Une bonne tête de plus que moi quand même. Il m’entraine vers l’entrée où un homme en costume blanc nous attend avec un sourire à s’en décrocher la mâchoire. Directement il nous entraine au fond du restaurant à une table quasiment cachée par de grandes plantes vertes. Les gens ne se sont pas retournés sur notre passage et j’ai même eu le temps de reconnaître quelques célébrités. Ce restaurant semble avoir ses habitués.
Le chef après nous avoir souhaité la bienvenue s’est éclipsé rapidement.
Brian défait de son manteau du bonnet et de son écharpe m’apparaît enfin.
Habillé d’un jean foncé et d’un pull à col roulé noir près du corps, il est sexy à souhait. Ses cheveux coupés très courts brillent sous l’effet d’un gel discret et disciplinant. Il rallume une clope en me fixant.
Oh mais c’est un short, pas une jupe du tout. Avec cette chemise flamboyante elle fait très jeune. Elle semble détendue. Elle a de jolies jambes.
- Qu’est-ce que tu bois ?
- Un soleil Levant. Et toi ?
- Une Vodka.
- Tu viens souvent ici ? L’endroit parait discret pour les stars de ton genre.
- (rires) Je viens quand je suis de passage à Paris et que la bouffe de l’hôtel me dégoute. Les gens sont discrets et ont besoin de discrétion, donc personne t’emmerde.
- Tu as souvent été dérangé au resto ou ailleurs ?
- Oh yes, fréquemment. Ca peut vraiment devenir une épreuve que de sortir en public. Les fans peuvent être calmes mais aussi être déchainés et ne pas te lâcher. J’ai besoin d’être au calme quelquefois.
- J’imagine. Je n’ai jamais été poursuivi par un meute de fans en délire donc je peux juste imaginer.
Brian rit à mes bêtises. Le serveur vient prendre la commande des apéritifs et Brian m’interroge du regard pour que je lui rappelle ce que je veux.
Le serveur repart.
- C’est quoi un Soleil Levant ?
- C’est du Soho additionné de jus d’abricot et terminé par une pointe de grenadine. Tu ne connaissais pas ?
- Pas du tout. C’est un alcool de filles le Soho.
- Oui c’est vrai.
- Je repars lundi à Londres. On va y faire un concert. A la Brixton Academy. C’est un régal pour nous de jouer la bas, on y va tous les 2 – 3 ans environ. C’est de la folie à chaque fois.
- Je pensais que tu resterais plus longtemps sur Paris.
Il a remarqué ma déception. Et il m’a souri. Il reviendra. Il me rassure à ce sujet et puis il doit passer à Singers pour signer son contrat avec Steve et Stef…
Devant mon verre aux couleurs acidulées je l’écoute raconter des petites anecdotes qu’il a vécu ces derniers jours. Il fume cigarette sur cigarette et je manque m’étouffer régulièrement.
Je bois ses paroles et mon cocktail avec. La tête me tourne déjà et une douce chaleur m’envahit. Sous la table je sens le frôlement des jambes de Brian mais je ne retire pas les miennes pour autant. Il en est à sa 3e vodka alors que mon verre est encore à moitié plein.
Il rit souvent et moi avec. Il a beaucoup d’humour et son regard brillant me rend dingue.
Un jeune serveur en costume nous tend les cartes et nous récite ses suggestions du soir avant de repartir.
Les menus dansent sous mes yeux. Et puis tous ces noms poétiques pour designer un poisson grillé m’agace. « Mystère de dorade des mers chaudes sur son lit de farandoles de salades exotiques ».
- Je te laisse choisir pour moi Brian.
- Oh really ? Ok donc ce sera 2 dorades s’il vous plait. Avec une bouteille de Château Moront rouge et de la San Pellegrino.
- Très bien la dorade.
Je finis avec plaisir et gourmandise mon verre avec le gout très sucré de la grenadine pure qui a glissé au fond.
Mes joues me brulent et d’un geste je rassemble mes cheveux derrière mes épaules.
- Raconte-moi un peu qui tu es Sabrina. Mis à part que tu as été la girlfriend de Johnny je ne sais rien d’autre.
Le con, il fallait qu’il me la balance celle là. Johnny je l’avais zappé celui là, pourtant j’ai encore reçu des fleurs ce matin. Une dizaine de roses blanches « White kisses for you ».
Il a vu ma surprise et le voila satisfait, il enchaine.
- Comment tu l’as rencontré au fait ? Il parle encore de toi. Combien de temps êtes vous restés ensembles ?
- Oh mais comme tu es curieux.
- I know but tu n’es pas obligé de me répondre.
Voilà qui me plait. Non mais.
Devant mon air buté et silencieux, Brian me lance un regard désolé et un sourire d’une autre planète qui me fait éclater de rire.
- Pas de problème Brian. Johnny et moi nous sommes rencontrés à Singers et il m’a invité à des soirées auxquelles j’ai été. Voilà, histoire banale.
- Ah.
- Je te sens déçu.
- Ben oui, je croyais que tu allais me détailler tout ça.
- Non je ne détaillerais rien du tout.
- Et au lit il était comment ?
Le con, il a osé ! Ah tu veux me mettre mal à l’aise hein ? Je le vois à ton regard fixé sur moi. Tu veux me mettre mal à l’aise.
- Ben je dirais que Johnny est un super bon coup. Je me suis éclatée au lit avec lui et d’ailleurs j’ai du être à son gout puisque il m’envoie des fleurs un jour sur deux. C’est un type très fougueux et il fait l’amour comme il chante, avec passion. Tiens en y pensant, je le regrette un peu.
Scotché le Brian. Il ne s’attendait pas à ce que je sorte ça d’une voix tranquille comme si on parlait de la pluie d’hier. Tiens mais il rougit. Je rêve j’ai réussi à le faire rougir. Il sourit aussi. Très sexy ce sourire.
Il va pour me répondre mais il est interrompu par le serveur qui pose devant nos visages rougis, nos assiettes remplies d’un beau poisson décoré de divers feuillages.