- Bonsoir !!
Je regarde s’avançait vers moi la maman de Julien. Une femme toute rousse d’une cinquantaine d’année. Une très jolie femme, très élégante en ce soir de réveillon de Noel. Elle porte une robe marron et a couvert ses épaules d’un grand châle en laine ivoire. Ses cheveux roux sont attachés en un charmant chignon et son visage est légèrement maquillé. Son visage souriant et accueillant me fait sourire naturellement et c’est avec plaisir que je lui tends mes joues pour lui dire bonsoir.
Je sens un bras se poser sur mes épaules, Julien tout près de moi m’entraine vers l’intérieur. Une fine neige commence à tomber.
Un accueil plus que chaleureux nous attend. Une huitaine de personnes plus quelques enfants se trouvent rassemblés dans un grand salon décoré de mille guirlandes multicolores, dans un coin un immense sapin répand sa bonne odeur.
Les présentations sont agréables et chacun à son petit mot, taquin ou pas, pour me souhaiter la bienvenue.
Tous sauf une personne.
Elle je l’ai remarqué de suite. Une jeune femme d’une vingtaine d’années, guère plus âgée que moi qui reste à l’écart et me tends une joue molle. Un joli regard bleu, des cheveux coupés au carré et un décolleté qui rendrait la vue à un aveugle. Cette jeune personne réserve tous ses sourires à Julien et cherche à tout prix à attirer son attention. A ce que j’ai compris, il s’agit de sa nièce par alliance, elle s’appelle Aline ou Amélie.
Chacun dégaine des sourires à tout va, on se sent bien ici. Je regarde autour de moi et la maman de Julien profite de ce moment pour m’entrainer vers une visite guidée de sa grande maison. Elle m’explique en m’appelant « ma petite » que cette maison est dans sa famille depuis plus de 100 ans et que Julien y est né et y a grandi. En montant les escaliers avec Yvonne (la maman de Julien), je jette un œil derrière moi et aperçois miss Aline (ou Amélie) toute souriante, enfin, en grande conversation avec Julien. Je chasse les mauvaises pensées qui s’insinuent dans ma tête et sourit à Yvonne.
J’ai droit au moindre cm carré de cette maison qui est réellement immense. Les chambres, dont celle de Julien, la cuisine, les salles de bains, bref tout y passe. Yvonne est très gentille et amicale avec moi, elle s’informe de ma vie à Nice et glorifie son fils unique dans chacune de ses phrases. Elle a aussi beaucoup d’humour et c’est avec sincérité que je réponds à ses plaisanteries.
Nous redescendons les escaliers. L’odeur est appétissante à m’en tourner la tête. Julien me sourit, je le rejoins. Il m’embrasse sur la joue et me demande tout bas si ce n’est pas trop pénible d’avoir à subir l’enthousiasme de sa mère. Bien sur que non.
Amélie (maintenant j’ai confirmation) entraine son cousin vers la table.
- Viens Juju, je te sers une vodka pomme.
Julien m’entraine derrière lui et me sers un coca light en se moquant de moi. Sous mon air boudeur il m’embrasse rapidement sur les lèvres. Je ne peux m’empêcher de regarder Amélie derrière lui qui ne rate pas un extrait de la scène. Elle me foudroie du regard et je sens déjà que j’ai affaire à une ennemie. Cette fille est folle amoureuse de son cousin.
- Rassemblons-nous tous autour de cet apéritif, tout d’abord pour vous souhaiter à tous un excellent réveillon !! Je vous souhaite à tous beaucoup de bonheur. N’oublions pas de souhaiter la bienvenue à Sabrina, la fiancée de mon Julien, qui est très charmante et que je suis ravie d’accueillir chez moi ce soir.
Tout le monde lève son verre vers moi et ensemble nous trinquons.
La porte d’entrée s’ouvre et un vent violent s’engouffre.
- Bonsoir la compagnie !!!!
Un homme aux cheveux blancs tout enneigés, et barricadé d’un énorme manteau fait son apparition avec 2 bouteilles de champagne à la main.
C’est mon père me chuchote Julien avant de se diriger vers son père et de l’embrasser chaleureusement. Antoine embrasse sa femme et se retourne vers moi.
Avec mon coca dans la main, je me sens trembler. Le jugement du patriarche m’impressionne.
- Papa, voici Sabrina.
- Enchantée Sabrina, soyez la bienvenue chez nous. Mon fils parle très souvent de vous et c’est un plaisir de faire votre connaissance, vous êtes ici chez vous.
- Je vous remercie Monsieur, tout le plaisir est pour moi.
- Oh mais pas de monsieur entre nous appelez moi Antoine ma petite. Que vous êtes jolie, toutes les niçoises vous ressemblent ?
Le ton de la soirée est donné, jovial, bon enfant et taquin. Tous les enfants se ruent vers lui en criant des Papis à tout va.
Le papa de Julien est un vrai boute en train, chaque phrase à un ton d’humour bien particulier et il est si tendre avec sa femme que la tendresse de Julien ne peut plus me surprendre.
Le reste de la soirée se passe bien, nous sommes tous assis sur les grands canapés du salon à siroter une boisson alcoolisée ou non. Julien à cédé à sa cousine et entame son second vodka pomme. La chère Amélie est toujours collée derrière lui et ça m’agace de plus en plus. Julien lui la traite comme une petite fille et lui fait la morale à cause des 5 verres qu’elle vient de finir.
Nous nous sommes installés dans le canapé tout près de la grande cheminée. Il tient ma main dans la sienne et ça me réchauffe entièrement. Je sens mes joues rougir sous l’effet de la chaleur.
- Juju parle moi de tes cours au lycée ! Tes élèves sont toujours aussi folles de toi ?
Cette question ne me concerne pas et pourtant elle est posée avec un regard très insistant sur moi. De la provocation.
- Aucune de mes éleves n’est amoureuse de moi Amélie. La plupart ont bien plus de cervelle que tu n’en auras jamais petite peste.
Il termine sa phrase en la pinçant gentiment. La voilà vexée la petite, elle bredouille 2 mots puis repars se servir un petit remontant.
- Tout va bien ma puce ?
- Tout va très bien.
Je lui offre mon plus joli sourire. Plein de choses se passent dans le regard que l’on s’échange à ce moment là. Beaucoup de complicité, d’amour et de tendresse.
- A taaaaable !! Allez mes enfants venez vite, Yvonne nous a préparé un véritable festin. Julien mon fils vient près de moi avec ta chérie, je vous veux près de moi mes petits.
Tout près de moi Antoine me pince la joue affectueusement.
- Tout va bien ma fille ?
- Tout va merveilleusement bien.
- Allez asseyez vous tous les deux et mangez.
Julien m’adresse un clin d’œil.
Yvonne aidé de sa sœur apporte les entrées. Un festin ? Une orgie plutôt !
Des salades de toutes sortes, de la charcuterie, du fois gras, du saumon, des crevettes, du crabe, des terrines, des légumes crus, …
Des dizaines de plats défilent sous mes yeux et Julien que je laisse faire, m’emplit outrageusement mon assiette.
Des rires, des blagues, des histoires, des chansons. Voilà comment se déroule ce repas festif. Yvonne est très complimentée par tout ce travail qu’elle a fourni en préparant autant de plats. Tout est divinement bon et Julien ne me laisse échapper à aucun plat. Il me sert de tout. Je me sens énorme mais je mange de bon cœur. Le vin rouge me brule la gorge et m’enivre aussi un peu.
Julien s’en rends compte et en profite pour me chuchoter des coquineries à l’oreille.
Amélie nous observe du coin de l’œil, éloigné de nous à cause de ses parents, elle garde un œil mauvais sur moi. Moi qui comme par hasard croise son regard à chaque baiser de Julien…. Et je reçois un regard noir, très noir.
Me voilà quasiment saoule. Entre les différents vins qu’Antoine veut me faire gouter malgré les protestations d’Yvonne, je me sens tout de même assez légère. Je fais des efforts surhumains pour que rien ne se voit. Mais Julien veille et rien ne lui échappe.
- Oh il neige !!!!
Manon, petite fille de 8 ans, nièce de Julien, s’extase devant la grande baie vitrée en regardant tomber la neige.
La neige. Moi une fille du Sud, exclusivement nourrie au soleil et à la chaleur, ne voyant pour ainsi dire jamais un seul flocon, je me retrouve devant la baie vitrée, le nez collée au vitrage, accroupie au sol pour être à la hauteur de Manon et les autres petits, et je regarde la neige tomber. Tous les enfants me rejoignent et ensemble on regarde tomber la neige. Une neige serrée, drue et énergique. J’en ai les larmes aux yeux, le vin aidant, bien entendu.
La majorité des habitants de France connaissent la neige et cela fait partie de leur vie. Mais pas dans le sud, je le jure. Nos Noel à nous se passent très souvent sous un soleil nargueur. Certains ne connaissent pas la mer et ne l’ont jamais vue. Chez moi on connaît la mer mais pas la neige.
Manon glisse sa main dans la mienne.
- On peut aller dehors Tatie ?
Tatie ? Moi ??
Un coup d’œil vers les parents, qui acquiescent d’un regard amusé et nous voilà en train d’enfiler nos manteaux, écharpes bonnets, et gant pour courir nous rouler sous la neige.
Oh je crois que j’en ai mangé cette année là de la neige. Des boules façonnées par des mains expertes face aux miennes transies de froid et qui atterrissent en plein visage. Julien m’aura mitraillé ce soir là et tant bien que mal j’aurais essayé de me défendre en vain. La dernière atterrit en plein sur ma bouche. Violente douleur qui me fait crier. Julien accoure vers moi.
- Oh pardon ma puce, ça va ? je t’ai fait mal ?
- Ca va t’inquiète pas. Les filles sautons toutes sur tonton Juju et faisons lui manger la neige.
Oh oh la solidarité féminine ça paye, nous sommes 5 a lui sauter dessus, à lui mettre la tête dans la neige et à nous venger de toutes ces boules si bien visées que nous avons reçues.
Je m’en étouffe tellement je ris. Je déchante rapidement. A mon tour de rouler dans la neige, Julien n’est pas du genre à se laisser faire par des demoiselles. Les petites ont beau essayer de me défendre Julien est le plus fort. Ah j’en voulais de la neige ? Et bien maintenant j’en suis imbibée. J’ai beau tenter de me défendre du mieux que je peux, aidée par de petites frimousses riantes, rien n’y fait. J’abdique.
Pour me récompenser de ma défaite rapide, Julien m’embrasse tendrement, nos corps dans la neige, sous les étoiles et les flocons tourbillonnants.
- Champagne !!!!!
Il est minuit, et les bouchons de champagne n’ont droit à aucune pitié, ça saute dans tous les sens. Réchauffée par les bras de Julien, on me tend une coupe et les enfants sont autorisés à ouvrir leurs cadeaux.
Julien s’agenouille près d’eux et fait de grands « ah » et de grands « oh » accompagnants les enfants de leurs cris de joie. Je m’amuse à regarder ces petites têtes blondes bondissant de joie et courant dans tous les sens. Julien se lève et vient vers moi. Il me tend un petit paquet enrubanné. Je prends ce petit cadeau et toute émue je commence à l’ouvrir en jetant des petites coups d’œil vers Julien. Je détache le ruban rouge et ôte le papier. Un magnifique écrin se tient au creux de ma main. Toute tremblante je l’ouvre. Julien m’arrête d’une main, se penche vers moi.
- Joyeux Noel Sabrina, je t’aime ma chérie. De tout mon cœur, comme je n’ai jamais aimé. Bienvenue dans ma vie mon cœur.
Il m’embrasse tout doucement sur les lèvres. Je retiens des larmes et j’ouvre enfin l’écrin.
Une magnifique bague orné de minuscules diamants scintillants se tient là, dans ma main, sur son écrin de velours crème.
Je n’en crois pas mes yeux, cette bague est magnifique. Je suis éblouie par tant de beauté.
Je la passe à mon doigt sous le regard amusé et attendri de Julien.
Jamais on ne m’avait offert de bague, personne. Jamais aucun homme n’avait eu ce geste pour moi. Je tends ma main, et la bague fière d’elle même, brille de mille feux.
Je me jette dans les bras de Julien qui m’enlace tendrement.
Plus rien ne compte, même le regard glacé que nous adresse Amélie.
Julien ouvre à présent le cadeau que je lui tends. Il me murmure un merci et découvre la jolie montre choisie pour lui. Il a l’air heureux et surpris de mon juste choix.
Pas le temps de s’éterniser que les parents de Julien nous appellent pour venir ouvrir d’autres cadeaux.
J’essuie le reste de mes larmes du revers de ma main et avec Julien, nous rejoignons sa famille.
Yvonne et Antoine offrent à leur fils, une superbe sacoche en cuir marron, une sacoche de prof qui me fait sourire. Ils ont même prévu un cadeau pour moi, surprise je découvre un superbe livre baptisé « Lille ». Ils m’expliquent qu’en lisant ce livre je tomberais sous le charme de leur ville et je n’aurais de ce fait plus envie de la quitter.
Je les embrasse tendrement en les remerciant. Je suis touchée qu’ils aient pensé à moi. Ces gens sont formidables.
Je m’éclipse quelques minutes pour appeler ma famille et leur souhaiter un joyeux noël.
- Han mais Juju tu es vraiment amoureux de cette fille ! Je n’en reviens pas !
- Bien sur que je suis amoureux et toi de quoi tu te mêles petite peste ?
- Ben t’es mon cousin non ? Et puis cette fille elle n’est pas de chez nous, avec ses ongles manucurés et sa fausse timidité… elle m’énerve.
- Je t’interdis de parler comme ça de Sabrina. Tiens-toi tranquille Amélie et ne sois pas bêtement jalouse.
- Mais tu le sais Julien que moi je t’aime depuis toujours.
- Arrête Amélie on en a déjà parlé. J’aime Sabrina et je veux que tu la respectes.
- Je suis plus jolie qu’elle !
- Pas si sure petite fille. Allez arrête tes bêtises et arrête de boire ça ne te réussit pas.
Je rejoins Julien en conversation avec sa cousine. A mon arrivée la jeune fille s’éclipse. Julien se tourne vers moi et m’attire contre lui.
- Au revoir Madame, à très bientôt. Au revoir Monsieur et encore merci pour tout.
C’est l’heure de dire au revoir à tout le monde. Il est 4h du matin et la fatigue est désormais omniprésente sur l’assemblée. Les enfants se sont endormis depuis bien longtemps, leurs jouets dans les mains.
Les embrassades et les promesses de visite terminées, Julien s’installe au volant et après plusieurs signes de mains, on s’engage sur le chemin du retour. Dans la nuit bleutée ma bague brille comme une étoile.
Un sourire sur les lèvres Julien me prend la main…..
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Jeu 23 Nov - 22:54
